lundi 30 décembre 2019

Sunset Boulevard (1950, Billy Wilder) - extrait d'une analyse de séquence


La séquence que nous allons analyser du film Sunset Boulevard se déroule à la fin du film, dans les chambres à l’étage lorsque Gillis s’apprête à partir de chez Norma. Cette séquence est très intéressante par son début et sa fin. Quand elle commence, Gillis, le personnage principal, monte les escaliers de la maison de Norma, et lorsqu’elle se termine, il les redescend. Cette narration nous permet de comprendre qu’il entre dans le lieu et en ressort, mais aussi dans la séquence de la même façon. Et comme cette séquence se déroule à l’étage, on peut même penser qu’il va dans un autre univers ; celui de Norma, dans lequel elle s’enferme, alors que la réalité est en bas des escaliers.

Pour commencer, cette séquence contient un énorme travail sur les émotions de Norma, qui voit partir la personne qu’elle aime. On ressent un désespoir immense de sa part, et on a presque l’impression de ne voir qu’elle. Tout d’abord, dans le passage où elle se regarde dans le miroir, on la voit donc deux fois sur le plan. Elle est de dos puis de profil à la caméra mais son reflet est face à nous; elle est seule face à elle-même, comme tout le temps dans sa maison (seule face aux photos, aux films d’elle, d’avant). Mais là, dans le miroir, c’est elle, maintenant, elle est donc confrontée à la réalité. Ses yeux dans le miroir semblent nous accuser grâce aux axes de prise de vue. On peut se sentir mal à l’aise car on a l’impression qu’elle nous parle, et nous, spectateurs, ne pouvons rien face à son chagrin et son désespoir.
Son désespoir est aussi décrit à l’écran grâce à l’écart qui est mis entre Gillis et elle. Un plan en particulier nous le montre bien : Gillis est de profil au premier plan, se tient droit et semble sûr de lui en préparant ses affaires. Norma est au second plan, recroquevillée, le suppliant de tout son être de rester, le regardant avec cette horrible expression sur son visage: ses grands yeux et son visage étiré. Cet écart dure longtemps par le fait que Gillis ne regarde jamais Norma, et lui répond très peu, comme si elle n’existait plus. Cette idée nous renvoie au fait qu’elle n’existe plus dans le monde du cinéma, qu’elle n’existe plus pour personne finalement. Puis, les secondes passent et l’état choqué de Norma devient encore plus désespéré lorsqu’elle s’agrippe de toutes ses forces à la valise de Gillis, comme elle s’agrippe à leur relation, comme elle s’agrippe à son rêve d’exister à nouveau.
Le désespoir de Norma est aussi traduit par des supplications : « je ferais tout ce que tu voudras », mais bascule vite en menace : « je n’ai pas peur de mourir » en montrant à Gillis un pistolet qu’elle tient comme si c’était un objet précieux et beau. Cela nous amène au passage du désespoir à la folie. [...]


Analyse rédigée par Lucie Yavuz

Exposition Vampires - Cinémathèque Française

Le vendredi 20 décembre 2019, les élèves de l'option cinéma audiovisuel se sont rendus à Paris, à la Cinémathèque Française, pour visiter l'exposition temporaire Vampires, de Dracula à Buffy, et pour visiter la collection permanente du Musée du Cinéma.

Pour plus d'informations sur l'exposition temporaire:
https://www.cinematheque.fr/cycle/vampires-527.html