Le texte qui suit est une synthèse des analyses réalisées en binômes par les élèves de la classe de seconde option cinéma audiovisuel. Ces analyses ont été rédigées en conclusion du chapitre sur l'art du cadrage et l'étude du cinéma burlesque.
Dans cette séquence du film The
Party de Blake Edwards, réalisé en 1968, il y a un serveur
alcoolisé qui répète plusieurs fois et de façon exagérée
l'action de faire le tour de la table avant de servir les assiettes.
Plusieurs personnes de milieux aisés sont assises autour de cette
table, elles mangent et discutent dans une ambiance conviviale, mais
ignorent le serveur. Le premier plan de la séquence est extrêmement
long, et utilise un panoramique qui suit le mouvement du serveur
alcoolisé. Il n'y a aucun dialogue, le personnage reste muet alors
qu'on entend les convives discuter (comme un bruit de fond).
Ce
serveur est maladroit et provoque des situations burlesques. Il
dépose une première assiette puis se retrouve avec la seconde dans
les mains. Un plan épaule est réalisé sur celui qui semble être
le chef de brigade, puis un champ contrechamp montre la confrontation
entre le serveur et le chef de brigade. Le serveur essaie alors de
cacher l'assiette sous sa veste et l'écrase contre sa chemise :
il se fait réprimander puis revient comme un enfant qui a fait des
bêtises.
Hrundi V. Bakshi, le personnage principal du film, est
mis en bout de table, et se retrouve dans une situation gênante. Il
est assis sur un petit tabouret, pour montrer qu'il est de trop (il a
été invité par erreur) et qu'il est inférieur (il a l'air d'un
enfant sur ce tabouret). Le serveur incompétent rentre dans les
cuisines et se fait étrangler par son chef de brigade : ce plan
joue avec le hors-vue car les portes battantes s'ouvrent et se
ferment, masquant ou révélant ce qui se passe en cuisine grâce à
une profondeur de champ moyenne. D'ailleurs, le couple au premier
plan se retourne vers ce qui se passe en cuisine, entraînant la
réaction du spectateur.
Hrundi V. Bakshi, maladroit de nature,
fait ensuite « s'envoler » sa volaille alors qu'il
essayait de la découper, et celle-ci finit sur le diadème d'une des
convives qui est en face de lui. La jeune femme ne s'en rend pas
compte. Hrundi V. Bakshi demande au serveur de l'enlever, mais le
serveur lui rapporte aussi la perruque de la jeune femme, et la met
dans l'assiette avec la volaille embrochée sur le diadème. On
dirait que le serveur et Hrundi V. Bakshi se comprennent et font les
mêmes bêtises.
Le chef de service revient avec un
gâteau que Hrundi V. Bakshi renverse, ce qui permet de revisiter le
gag de la tarte à la crème. Le serveur alcoolique est pris alors
pour cible dans une bagarre violente, et le désordre envahit
l'espace. La femme au diadème se cache avec ses « plumes »
qui se trouvent autour de ses bras pour ne pas voir ce qu'il se
passe. Le serveur profite enfin du désordre pour se remettre à
boire.
La séquence a été tournée dans un
espace réduit pour que les personnages interagissent avec tous les
objets et tous les personnages. On retrouve dans cette séquence
l'héritage de quelques grandes caractéristiques du cinéma
burlesque : des situations absurdes, une succession des gags, ou
encore un personnage inadapté à l'espace dans lequel il évolue
(par exemple, le serveur a l'air perdu, il ne sait pas où poser les
assiettes).